Les routes du chiffon : places et gens de la fripe Beyrouth-Tripoli-Bruxelles

L’urgence écologique et, plus récemment, la crise sanitaire agissent comme révélatrices de l’absurdité du modèle économique capitaliste de l’hyper/sur-consommation qui encombrent nos placards, tiroirs et armoires. Mode éthique, responsable ou circulaire sont autant de termes qui prônent un respect des matières premières, des travailleur.se.s et des ressources planétaires. Prenant l’exemple de l’économie textile de la récupération et du réemploi, la matinale « Les routes du chiffon : places et gens de la fripe. Beyrouth-Tripoli-Bruxelles » se propose d’être un moment d’échange pour discuter nos pratiques de consommation, de création artisanale et de fabrication/production locale.

Pour l’occasion, la Coopérative Pointcarré accueille Emmanuelle Durand, doctorante en anthropologie (IRIS-EHESS, CNRS, IFPO). Emmanuelle s’intéresse aux enjeux urbains et migratoires en consacrant ses travaux au commerce de peu. Depuis 2018, elle mène une enquête sur les circulations et consommations du vêtement de seconde-main à Beyrouth (Liban). Parallèlement, elle crée « Vieux Chiffons », une marque d’éco-créations brodées. Les tissus sont chinés et dénichés dans les brocantes, fripes et armoires de ses grands-mères. Emmanuelle aime broder des messages (dé)culottés, décalés et impertinents pour redonner une nouvelle vie aux tissus. Les femmes et la banlieue sont, pour elle, deux sources d’inspiration. La marque est ainsi ancrée dans le 93, territoire que sa créatrice habite depuis plusieurs années et auquel elle est très attachée.

À partir d’enquêtes de terrain réalisées à Beyrouth, Emmanuelle abordera les filières du textile d’occasion. En revenant sur sa démarche ethnographique qui consiste à suivre des trajectoires de vêtements, elle en dépliera certaines pour nous conduire de Beyrouth à Bruxelles, en passant par Tripoli (Liban). En éclairant le dispositif socio-spatial que tisse la circulation d’un vêtement usagé, Emmanuelle ouvrira la discussion avec les participant.e.s sur l’enjeu suivant : « le ré-emploi du vêtement recycle-t-il, aussi, les inégalités ? ».